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mardi 2 août 2011

Tchimbe raid 2011

Tchimbe raid 2011
7 mai 2011, départ 4 heures, 80 kms pour 4500d+ de BASSE POINTE à SCHOELCHER
« Chronique d'un échec cuisant »


J'ai mis du temps à rédiger le présent compte rendu car il s'agit d'un échec cuisant mais depuis celui-ci, je me sens bien plus fort, en analysant les erreurs commises et en essayant de les éviter à l'avenir, alors je vous les fais partager. Le temps m'a également permis de digérer cette défaite.

Trois mois d'entrainement pour mon premier « vrai » ultratrail, le tchimbe-raid 2011, pour l'occasion j'ai pris une semaine de vacances afin d'emmagasiner un maximum d'énergie, éviter les tracas et optimiser la fin de ma préparation. Et bien oui, je me suis préparé pour ce rendez vous malgré le résultat...
Je me présente sur cette course à 86 kgs, un équipement testé et approuvé: asics trabucco 13 au pied, diosaz 5 raid ultralight sur le dos et garmin forerunner 205 au poignet gauche
La semaine avant l'échéance j'ai fait trois sorties avec la plus longue qui fait 2h10 en footing lent. Cette dernière semaine, je n'en ai fait qu'une le mardi: 6 kms en footing léger. Je ne sais toujours pas s'il faut continuer à courir la dernière semaine ou tout couper, les avis divergent et je n'ai pas encore trouver la solution magique.
Nous avons rendez vous ce vendredi matin à 2 heures à l'espace ozenat sur la commune de SCHOELCHER, le bus doit nous conduire jusqu'à la ligne de départ ou contrôle et café nous y attendent. Je prends le départ de cette course avec Thierry R. qui a l'expérience de ce genre d'épreuve, en effet, il est réunionnais et a à son actif quelques diagonales des fous autres trails dont le célèbre bourbon. C'est Germain, un camarade qui doit nous récupérer vers 1 heure du matin pour nous conduire au lieu de rendez vous.
Je décide de gérer mon jeudi comme mes précédentes péripétie nocturne à savoir, une sieste d'une heure et au lit au plus tôt après le diner pour dormir un maximum. C'est à croire que l'expérience ne fait pas toujours son travail, impossible de faire la sieste, je suis à fleur de peau, je pense alors me rattraper après le repas de pâtes que je me suis préparé. Et bien non! Je ne trouverai jamais le sommeil et je me retrouverai sur le stade de basse pointe avec 0 heure de sommeil depuis le jeudi matin 7 heures...
Germain nous récupère comme convenu, j'ai dans toutes mes affaires, à portée de main, le fameux gateaux au chocolat de la marque « overstim's » qui est digeste et se laisse manger au gré de notre traversée de l'ile du nord au sud. Nous arrivons à bon port à 01 heures 35 minutes, d'autres traileurs sont là, 2 heures arrivent, pas de bus, 2 heures et 15 minutes, toujours pas, finalement un bénévole vient nous chercher, les bus ne nous récupèrent pas sur le parking mais à quelques de là, nous perdons une grosse demi heure dans la manœuvre. Il pleut depuis le jeudi matin et la pluie redouble d'intensité pendant le transport en bus, arrivée à BASSE POINTE vers 03 heures 50 minutes, il ne nous reste que peu de marge pour le contrôle des sacs et boire un petit café.
Le stade où nous attend la ligne de départ est totalement détrempée et pour le coup, nous aurons tous le bonheur de prendre le départ avec les pieds trempés.
Contrôle des sacs et des forces en présence: Widy Greco, le Guadeloupéen qui a gagné la dernière transmartinique est présent ainsi que plusieurs locaux qui comptent bien ne pas lui laisser gagner leur course.
Le départ est donné avec un quart d'heure de retard (on appelle cela faire coutume sous d'autres cieux).
Je perd rapidement de vue Thierry que je ne comptais et pouvais de toutes façons pas suivre. La longue ligne de lampe frontale s'élance dans les rues de Basse Pointe pour rejoindre un chemin dans les bananeraies. Nous voilà partis pour une montée de 4 kms avec 350 mètres d+. Je pars doucement, il pleut fort, je me concentre sur le faisceau de ma lampe et tente de faire abstraction de ceux qui m'entourent. Je me sens bien et je cours sur le long des 4 kms pour basculer sur une descente de pratiquement 6 kms avant d'attaquer l'ascension de la montagne pelée pour prendre 1250 m de d+ sur 13 kms. J'ai fait ces premiers 4 kms en 35 minutes, je me situe dans la première moitié des coureurs, je retiens légèrement ma foulée dans la pente des 6 kms suivants pour garder du jus. Arrive le premier ravitaillement au 10 kms, je ne m'arrête pas du tout et j'enchaine tranquillement, le jour se lève, je me retrouve avec un camarade d'une autre unité de l'ile, il est parti prudemment car je n'ai rien à faire à ses côtés, il est bien meilleur que moi, mais je me dis qu'il aura le temps d'accélérer sur les 70 kms restants. 

 
Nous attaquons les premières pentes de la pelée dont nous ne pouvons distinguer le sommet qui est écrasé par une superbe masse nuageuse qui nous arrose généreusement depuis le départ. J'ai parcouru ces 10 premiers kilomètres en 1 heure 17 minutes, en toute sécurité et je me sens plutot bien, je n'ai pas sommeil ni de douleur particulière, je m'alimente régulièrement, barre de céréales, fruits secs, et tubes overstims (dont j'aurai l'occasion de reparler). Le ravitaillement du 15 eme kilomètres me rassure, il ne reste que 8 kms pour monter la pelée et je n'ai pas trouver l'exercice très difficile ( prétentieux que je suis!).

Je me fais doubler aprés le ravitaillement par Virginie (qui finira 46 eme et 4 eme féminine), une camarade de boulot qui bosse à TRINITE, je la sais bien préparée pour l'avoir croisé sur d'autres trails, je décide de l'accrocher un peu et finalement je la double et la laisse « sur place » pour rejoindre un groupe de 4 coureurs dont le camarade dont je vous ai parlé précédemment (celui qui avait 70 kms pour accélérer et dont j'ai mangé le prénom...).Les pourcentages s'élèves dans certains chemins, mais la difficulté n'est pour l'instant pas délirante.
16 eme kilomètres: nous sommes sur une route goudronnée, qui monte modérément, 2 heures et 15 minutes de course, nous montons à la file indienne lorsqu'au kilomètre 16,400 nous croisons un jeune taureau de taille adulte qui arrive à vive allure dans notre direction depuis la route, le camarade lui fait peur avec ses deux bâtons de trail et la bête obtempère en se parkant dans un champ mais qu'elle ne fut pas notre peur lorsque ce bovin bien équipé de cornes acérées et de tout son poids décide de nous courir après lorsque nous l'avons dépassé, nous voilà à presque 10 km/heure sur une pente à 8%, certains n'ont qu'à bien se tenir!!!

Le problème ne sait pas arrêter aussi simplement car il a fallu courir sur 300 mètres pour que la bête arrête sa course, j'ai franchement eu la peur de ma vie. Je me serai franchement passé de cette séance de fractionner à 4 kms du sommet. A ce propos, nous quittons la route goudronnée et je comprends que nous rentrons dans le vif du sujet en attaquant une forte pente dans un champs, pour avoir vu des vidéos de la course, je sais que les prochains hectomètres ne vont pas m'être facile (vous imaginez qu'avec 86 kgs, la montée n'est pas mon point fort).



Je m'alimente, je souffle, je me concentre, je sens que j'avance pas très vite, le camarade me laisse sur place avec ses bâtons, il avance doucement mais surement au point de rapidement me mettre 200 ou 300 mètres dans la vue. Je prend mon temps, un kilomètre passe puis deux, dans ce deuxième, on a déjà l'impression d'arriver à la fin au sommet mais j'ai oublié qu'il était encore 2 kms plus loin avec 500 mètres de d+, et finalement je prends des tubes car je sens que cela ne va pas passer sur le plan musculaire, j'ai les jambes dures, j'ai peur de faire une fringale alors j'ai enchainé deux tubes dans un laps de temps court, sauf que je ne peux plus rien avaler, je me suis exploser le tube digestif, je suis incapable d'avaler quoi que ce soit dans le reste de l’ascension, tout juste de l'eau et 2 abricots secs. Ces deux derniers kilomètres vont devenir mon chemin de croix, je ne suis plus mes accompagnateurs du jour, je me fais doubler par 1 puis 2 puis 5 puis 10 au final, je n'ai pas précisément compter mais c'est au moins un trentaine à quarantaine de personnes qui me double dans la montée, je n'ai plus de souffle, je m'arrête, je repars, je m'assois, je repars et je me demande déjà ce que je fais là...
Finalement d'arrêt en reprise, je vais mettre presque 1 heure 25 minutes pour parcourir deux kilomètres, je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, je suis entrainé, je me suis alimenté, il fait pas trop chaud pour une fois mais si j'ai compris, je n'ai jamais monté autant de d+ en une fois depuis que je cours, mais comment vais je faire avec les 3000 d+ aprés le sommet.
Aprés 4 heures 19 minutes de course j'atteins le sommet de la célèbre pelée et dire que c'est la première fois, je m'en rappellerai. Je me rassure en me disant que la descente va me faire du bien que je vais me refaire la cerise mais le moral n'y est plus et les jambes non plus. M'être fait doubler par autant de coureur m'a vraiment ruiner le moral. J'attaque la descente qui n'est pas une mince affaire, en effet, elle s'avère technique et peu roulante, je vais même avoir droit à une chute dont je défis quiconque de ne pas se blesser, allez je vous la raconte: je descend en essayant de me décontracter et en trouvant la meilleur trace possible, la plus roulante et la moins glissant sauf que la descente est parfois large et en dévers. A un moment voulant bien faire, j'ai voulu traverser le dévers du haut du chemin sur la gauche pour aller en bas sur la droite mais je vais descendre le dévers en une seconde en glissant sur mon appui et en me retrouvant sur les fesses deux mètres plus bas: heureusement je suis bien équipé en fesses.
Je continue ma descente, me fait encore doubler, je sens que les jambes sont dures et j'ai du mal à me projeter dans le futur après le ravitaillement du domaine de la vallée où Franck mon collègue m'y attend pour faire le plein et repartir initialement.
Il me faut 1 heure 24 minutes pour rejoindre le ravitaillement et parcourir les presque 6 kms qui m'y amenaient depuis le sommet, j'en suis à 5 heures 42 minutes de course, je n'ai plus de jambe, j'ai dans l'esprit l'abandon et Franck se surpasse en me remotivant, en me proposant tout ce qu'il a pris dans sa voiture (faut dit qu'il à vider son frigo pour moi et sa pharmacie aussi!) mais je n'arrive pas à me décider à repartir, c'est qu'après avoir compris que le denier arrive au ravitaillement que je me décide à ne plus repartir définitivement, cela pour une raison simple, je suis incapable d'avaler quoi que ce soit depuis 2 heures de course.

Je continuerai la course avec Franck en qualité de suiveur, pour voir les collègues qui se sont inscrits sur le 50 kms et aussi Thierry qui ira chercher la 43 eme place pour 17 heures et 44 minutes de course.

Avec le recul et malgré la déception le bilan est positif car j'ai trouvé à chaque erreur la solution adéquate pour y palier.

  • L'impossibilité de trouver le sommeil: il suffit de penser à tout sauf à la course, le sommeil sera difficile à trouver mais accessible car si vous restez figer sur la course, le sommeil est impossible à trouver
  • L'explosion dans les deux derniers kilomètres de la montée: il s'agit d'une grosse erreur de préparation, j'ai orienter mon entrainement sur le volume et trop peu sur la qualité, j'ai pourtant fractionné sur des montées sèche de 200 d+ mais insuffisante sur de la résistance pure, il faut absolument travailler et garder de la puissance pour ce genre d'effort, je me suis depuis équipé de bâtons de trail et l'ascension en devient presque plaisir.
  • Le système digestif s'est mis en mode hors service: erreur de jeunesse avec l'utilisation de produits diététiques pourtant réputés et adaptés mais que je n'utilise jamais à l'entrainement, le corps n'étant pas habitué à de tels apports, à tel ou tel goût, à tel ou tel qualité organoleptique, finalement il faut s'entrainer en alimentation comme pour le reste. Je ne mange que des barres de céréales à l'entrainement, donc soit j'y intègre d'autres mets soit je ne cours qu'avec celles ci.

Fred, team life experience




1 commentaire:

  1. Salut,

    Je prends le train avec beaucoup de retard mais je suis arrivé sur ton blog après une recherche sur la ronde des caps.

    Tu dis que tu as accès ton entraînement sur le volume mais 2h10 me semble bien faible en préparation pour s'aligner sur un 80 km. Il te faudrais au moins faire des sorties de plus de 3h voir 4h pour savoir comment ton corps réagis. Et surtout te bouffer du dénivelé pour trouver ton allure.

    Ce n'est qu'un humble avis mais ça peux expliquer ton "échec" qui n'en ai jamais réellement un vu que ça te sert toujours pour la suite.

    @ bientôt sur les sentiers martiniquais

    Nicolas

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