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vendredi 23 décembre 2011

TRANSMARTINIQUE 2011

CR TRANSMARTINIQUE 2011



Et bien voilà, cette année le choix s'est vite porté sur la Transmartinique pour ce dernier mois de décembre passé en Martinique. Après avoir participé auX 3 précédentes éditions du défi bleu, il est temps pour moi de tenter la grande aventure de l'ultra trail, après un abandon au TCHIMBE RAID, lequel proposé 80 kms, j'avais abandonné au 25 eme kilomètre.
Fort de cet échec, j'ai commencé un plan d'entrainement, 13 semaines plus tôt. 4 entrainements par semaine avec des sorties en rando course de plus de 6 heures, je pense être prêt pour le grand saut.
J'ai calmé l'entrainement les quinze jours précédents le jour J, je sens mon des douleurs internes au niveau du genou droit depuis un mois, la douleur n'étant pas passé, je réduis l'entrainement et serre les fesses pour que la douleur ne s'intensifie pas pendant la course.

Je me suis donc inscrit au mois de juin 2011 pour la modique somme de 120 euros, j'ai un dossard de guest star: le numéro 10.
Encore de grosses pointures sont présents sur l'évènement cette année, tel que LESAUX Christophe, GUILLON Antoine, COINTRE Cyril et j'en passe. Cela va partir vite devant mais je ne me sens pas trop concerné...

Cette année j'ai le plaisir de recevoir, pour une semaine à la maison, mes deux camarades Marseillais et co-président du TEAM LIFE EXPERIENCE (http://www.teamlife-experience.fr/), Ju qui s'aligne sur le défi bleu et Guus sur la transmartinique. Je leur ai fait reconnaître quelques passages de la trans et du défi bleu pendant la semaine précédent la course. Je leur ai également présentait Bruno, mon camarade de jeu qui se présente également sur la Transmartinique, j'en profite pour souligner son courage, il ne se présente sur cette distance qu'après avoir fait un seul 50 kms (Petit tchimbe 2011) dans sa carrière de traileur.





Briefing d'avant course



Mercredi 7 décembre 2011, dans l'aprés midi , nous nous présentons au LAMENTIN pour retirer nos dossards et assister au briefing de course. Léger loupé, certains dossards du trail des caps (dont je devais recupérer des dossards pour d'autres collègues) ne sont pas prêts mais une heure plus tard tout est rentré dans l'ordre.
Briefing très pro dans la grande tradition du club manikou, l'amateurisme n'est pas ici de mise dans l'organisation. Rappel très ferme de l'organisation au sujet du respect de l'environnement et ensuite présentation détaillée et en 3 D du parcours par Christophe et Gérard.

Départ pour GRAND RIVIERE



Nous avons pris l'option de ne pas monter en bus la veille de la course (les chauffeurs de bus locaux ont des conduites sportives en car...), nous y montons en voiture perso avec comme chauffeur Ju qui ne prend le départ de sa course seulement vendredi soir 22 heures au François. Nous voilà parti à 15 heures de SAINTE ANNE accompagné de Bruno, Guus, Ju et ma pomme. Quelques heures plus tard et après quelques photos, nous voilà à GRAND RIVIERE, petit village isolé au nord de la MARTINIQUE, la route s'arrête ici pour nous et pour tous usagers de la route puisqu'il s'agit d'un cul de sac. Après une grosse demi heure à chercher notre logis, nous prenons possession de la salle communal mis à la disposition des coureurs. Je décide de dormir dans la voiture, plus propice au silence, Ju en fera de même. Contrairement au TCHIMBE RAID, je vais m'efforcer à ne pas penser à la course et finalement trouver assez facilement le sommeil. La voiture bien qu'inconfortable m'autorisera une bonne nuit de sommeil avec quelques micros réveils.
4 heures 45 minutes du vendredi 9 décembre 2011, nous nous présentons sur la ligne de départ où petit déjeuner est offert par l'organisation, contrôle des sacs et quelques mesures d'usage dans le cadre d'une enquête sur l'hydratation.




Départ de la TRANSMARTINIQUE 2011



Il est déjà 6 heures, la cloche de l'église retentit puis c'est le départ, je décide tout comme Guus, de forcer légèrement les premiers hectomètres de la course pour ne pas me retrouver dans l'entonnoir de la sortie de GRAND RIVIERE, je préfère ralentir les autres....
Après la dernière ligne droite du bourg de GRAND RIVIERE, je ne distingue plus GUUS que je ne reverrai que très tard ce soir! Bruno quant à lui a pris un départ tranquille comme à son habitude, nous ne nous recroiserons pas avant dimanche matin tout en restant très proche (entre 3 et 5 kms environ) pendant toute l'aventure.

Du 1er au 8eme kilomètre:
Ascension de la montagne Pelée, le point culminant de la course et de la Martinique. Sur toute cette ascension, je reste bien en dessous de mes capacités pour ne pas aller dans le rouge, j'envisage la montée en 2H30 à 3H00 et finalement j'atteins le sommet en 2H15 de course, je suis rassuré sur mes sensations, mais il faut reconnaître qu'une épaisse couche de nuage empêche le soleil de faire son œuvre, c'est à dire faire chauffer la machine. Arrivé au sommet, je vois un coureur qui se filme, finalement, il y en a de plus en plus, c'est sympath et puis j'en fais de même.



Du 8eme au 15 eme kilomètre:
Descente de la pelée pour rejoindre le point d'eau de l'aileron suivi du ravito de MORNE ROUGE au domaine de la vallée. Je descend tranquillement la montagne, en assurant mes appuies et en me concentrant sur mes jambes et pies pour que ceux ci amortissent un maximum ma carcasse. Je suis rattrapée dans la descente par Isabelle, une ultra martiniquaise 2010, la sachant douloureuse au niveau du dos depuis quelques semaines, je lui demande comment elle va et elle me confirme la douleur toujours présente qu'elle essaie d'oublier, elle semble en forme et « SCHLOK!!! »...
Voilà que je chute lamentablement au même endroit que j'avais chuté au TCHIMBE RAID, je me fais affreusement mal aux fessiers et lombaires mais je me relève comme si de rien n'était pour éviter le ridicule... Mais M.... que cela fait mal! Je repars et bascule sur l'aileron puis je rejoins le ravitaillement du MORNE ROUGE où je retrouve JU et Maryline la doudou de Bruno que je croiserai à presque tous les ravitaillements de la course et qui aura été un super soutient tout le long du parcours. Je recharge la poche à eau et repars assez rapidement aprés avoir pris le temps de retirer mes chaussures (speedcross 3) pour replacer les semelles de propreté qui se déplacent lors des descentes. Malgré ce bémol, je suis bien content d'avoir ces chaussures au pied pour les prochains kilomètres.



Du 15 eme au 45 eme kilomètre:
C'est parti pour la partie la plus difficile du parcours, un enchainement de morne tous plus longs les uns des autres. Un point d'eau à Mackintosh aprés Morne rouge et on attaque la crête du Cournant. La montée pour rejoindre sera l'un de mes nombreux chemins de croix de cette course, je n'avance pas, je suis éssouflé, je n'arrive déjà plus à m'alimenter, et comme dirait Christian Clavier: MAIS QU'EST CE QUE C'EST QUE CE BINS!!! même pas 20 bornes de course et je suis sur le point d'imploser, exactement les mêmes sensations que lors de mon abandon au TCHIMBE RAID, envie de vomir, le souffle court, enfin bref la machine me lâche... Je pense à ma fille Julia qui m'a dit avant de partir « papa tu n'abandonnes pas cette fois », comme si j'abandonnais à toutes les courses... mais finalement sa remarque presque désobligeante me permettra d'aller chercher des ressources nécessaires lorsque cela n'ira pas. J'arrive au ravitaillement de SAINTE CECILE, Maryline est là et je lui fais part de mon mal de tête, mal être, essoufflement et non alimentation. Elle me dit de tenir le coup et que cela va passer. Je prends deux advil, un coca, un petit gâteau salé. Je m'assois et prends le temps de souffler un peu, ôter mes chaussures pour repositionner correctement les semelles. Mon patron, Eric et son épouse arrive sur le ravitaillement, quelques mots de réconfort et je repars. J'ai tellement regretté mon abandon au TCHIMBE RAID, que je me persuade que tout va aller mi




Finalement après quelques kilomètres dans l'enchainement de montées et de descentes pour rejoindre la barriere horaire de la trace des jésuites, le mal de tête passe, l'envie de manger revient et tout revient à la normale. Je n'aurai plus jamais de problème sur ces plans jusqu'à la fin de mon périple. Autre chose m'attend mais je ne le sais pas encore.
Trois cents mètres avant d'arriver à la barrière horaire, il est presque 15 heures, je double un coureur en difficulté, il se tient le bras au plus prés du corps, je lui demande ce qu'il a et s'il a besoin d'aide, il m'indique s'être démis l'épaule à deux reprises, il continue à marcher et me dit juste de prévenir le ravito suivant, j'accélère un peu pour les prévenir mais ils sont déjà au courant. Il est 15 heures, la barrière horaire est passé, j'avais jusqu'à 16 heures 30 minutes. Guus est passé depuis longtemps et Bruno passera ici vers 15 heures 35. je me restaure et repars seul malgré la présence de 6 ou 7 coureurs au ravito.
Me voilà reparti, je suis bien et je rentre dans la forêt pour un long moment, il me reste 5 kms de plat dans la boue (enfin ce n'est jamais plat!), la descente dans la nouvelle trace, très technique, puis la montée de Bouliki pour basculer dans la descente goudronnée qui mène à SAINT JOSEPH, la base de vie où mon sac m'attend pour douche, repas, contrôle médical.
La nouvelle trace se passe mieux que lors de la reconnaissance, mes speedcross font leur travail et je ne tombe pas une seule fois sur la descente. La montée de cœur Bouliki m'est très difficile, la nuit tombe, je craque un peu physiquement et fait un break à mi montée pour m'équiper de nuit. Je me filme et je constate que j'ai de gros problème d'élocution probablement lié à la fatigue.
La montée finit je rejoins la route aprés une succession de faux plats, de montées et de descente, je rejoins la route et je reprens la course pour descendre à SAINT JOSEPH, le speedcross sont inadaptés pour ces kilomètres de goudron et je sens que les pieds commencent à sérieusement chauffés. J'arrive ravitaillement, accueilli par des bénévoles et Maryline, décrottage des pieds à l'entrée du palais des sport avant une bonne douche. Je me suis senti obligé de me doucher pour enlever la boue et passer au contrôle médical mais je n'en avais vraiment pas envie: peut être la peur de réveiller des échauffements ou autres douleurs? L'eau est froide comme toute les douches prises sur le parcours, c'est pas top!
Propre et changé, je me présente au contrôle médical et au suivi hydratation, c'est ok pour moi, seule la tension est basse: 9/7 de mémoire mais je n'ai pas interprété ce résultat, je suis habituellement à 13/7. Des ampoules sont apparus dont une crevasse sous le pied gauche, je dois avoir environ 3 ou 4 ampoules par pied et je décide de me faire soigner par les podologues présents sur le site. Très disponibles et sympahiques, ils sont également minutieux, j'ai perdu au moins ¾ d'heure à me faire soigner (est ce vraiment du temps perdu? Je pense que oui, au vu de la suite), le podo ouvre les plus grosses ampoules et les nettoie, sauf qu'à la fin de la manipulation aprés m'avoir strappé, il me déconseille de mettre de la creme NOK car le strap va se décoller. J'obtempère et je vais le regretter...
Je mange une assiette de riz au poulet, qui passe pas très bien en raison d'une sensation de gorge sèche, le riz reste bloqué dedans !?!
Je repars donc avec de nouvelles chaussures au pied, j'ai laissé les speedcross dans le sac pour les remplacer par mes XT WINGS, lesquelles ne m'ont jamais posé de problème sur les longues heures d'entrainement.



Du 45 eme au 56 eme kilomètre:
Je repars seul pour faire ses 11 kilomètres qui me sépare du ravitaillement du LAMENTIN. Il fait nuit mais un beau clair de lune nous éclaire. Cette partie du parcours est constitué de champs de canne et de longues lignes droites, je ne fais que marcher, les pied sont de plus en plus chaud mais je croise les doigts pour qu'ils tiennent le coup. Je reconnais quelques passages reconnus quelques semaines plus tôt. Avant de repartir de SAINT JOSEPH j'ai eu Guus au téléphone qui était au plus mal à quelques kilomètres du LAMENTIN, je lui ai dit de m'y attendre, d'y dormir pour que nous repartions ensemble. Finalement j'arrive au LAMENTIN assez entamé, j'y retrouve Maryline, Nicolas, le chef de service de Bruno ainsi que Guus qui me rejoint dans le local de ravitaillement. Il me dit ne pas aller bien avec un mal de ventre et des nausées. Je me sers une soupe, du coca et me voilà reparti sans Guus qui ne trouve pas la ressource nécessaire pour repartir, je l'invite à attendre Bruno et tentait un nouveau départ avec lui mais se sera vain, Guus abandonne au 56 eme kilomètre de la course.


Du 56 eme au 75 eme kilomètre:
Je repars donc accompagné d'un autre coureur de TRINITE qui exerce la même profession que moi. Aprés avoir quitté le goudron, je l'invite à continuer sa route sans moi car j'ai de plus en plus de mal à marcher avec mes pieds douloureux, lui c'est les muscles qui lui font défaut mais il prend de l'avance, nous rattrapons un Italien qui semble pas très bien mais qui poursuit son chemin avec moi, il tente de parler mais malgré mes origines nous avons du mal à nous comprendre. Nous cheminons lorsque lors du passage d'un ruisseau pour quitter les champs de canne, je sens une ampoule qui lâche sous le pied droit, une douleur horrible me monte au nez, je ne peux quasiment plus posé le pied, l'Italien continue son chemin, je souffre atrocement mais je continue tant bien que mal à marcher, la douleur passe et finalement je rejoins l'Italien. Ma marche est de plus en plus chaotique en raison des douleurs au pied. Un avantage à cela, je ne sens aucune autre douleur, ni aux jambes ni ailleurs, encore que les lombaires me font parfois un peu souffrir depuis la chute sur le volcan.
Une fois la ligne de crête rejointe avant d'aller chercher la montée de l'huilier que j'appréhende depuis quelques heures, je croise le camarade de TRINITE qui fait une pause sous un abri bus tandis que l'Italien a du mal à m'emboiter le pas, je ne vais pourtant pas mieux mais lui a surement un coup de moins bien. J'arrive au pied de la montée de l'huilier, je regarde ma montre pour savoir combien de temps va durer mon calvaire, je baisse la tête et je pousse fort sur mes bâtons. C'est fou, je croque la montée en 12 minutes sans aucun difficulté, c'est une belle surprise. Ce que j'avais lu est donc vrai, dans un ultra, lorsque l'on rentre dans le dur, nous sommes plus content de monter que de descendre, cela c'est totalement vérifié (en tous cas avec les pieds que j'avais...).
Je bois un coup de coca sur un ravito sur la ligne de crête de l'huilier, où personne n'est présent mais je comprends que c'est le propriétaire des lieux qui gère le ravito et qui doit dormir, tant pis je trinque sans lui :)
Je continue la crête puis bascule dans de gros pourcentage de descente pour rejoindre LE FRANCOIS. Aprés quelques traversées interminable de plantation, je retrouve la route qui mène au stade du François, j'ai du mal à trouver le ravitaillement mais y parvient tout de même.
J'ai un énorme coup de barre à cet endroit, je bois une soupe et du coca et les pensées négatives des bénévoles à ce ravitaillement me donnent vite envie de repartir. En effet, ils étaient l'exception qui confirme la règle, ils étaient plus soucieux d'espèrer l'abandon de la dernière qui était loin d'ici plutôt que de soucier des personnes présentes sur le ravito. Bref, je change de chaussette et prend peur à la vue d'une énorme ampoule sur le talon droit (quand je dis énorme je pèse mes mots). Je ne prends pas le temps de trop analyser mes dessous de pied car si je rentre dans le détail, j'ai peur d'abandonner.

Du 75 eme au 91 eme kilomètre:
Je repars donc de ce ravitaillement, en sachant qu'il me reste un défi bleu (58 kms 1650 d+) le moral n'est pas au beau fixe, surtout qu'à cette heure ci (il doit être dans les 1 heures 30 à 2 heures du matin, le samedi 10 décembre 2011) il n'y a pas grand monde dans les rues. 



Je repars rejoindre l'habitation Clément et j'ai du mal à reconnaître les lieux, j'ai l'impression de tourner en rond dans les plantations de canne à sucre. A un moment, je me suis dit « si je tourne en rond, j'abandonne, y en a marre!!! » mais finalement non tous les chemins se ressemblent la nuit et finalement je rejoins l'habitation Clément puis le Morne Valentin, toujours interminable mais finalement assez facile à passer. J'ai les pieds à l'agonie, je n'ose plus retirer mes chaussures...
Je fais un break sous un abris bus avant de rejoindre la montagne du VAUCLIN. Je suis exténué, le jour s'est levé et je sens qu'il va faire chaud, le ciel est dépourvu de nuage! Petite collation et je repars pour la montée. Au pied du chemin de croix de la montagne, un petit arrête au ravitaillement pour boire un coca et m'assoir un peu. Je suis rejoins par Marius et deux autres coureurs. Je repars avec Marius et un autre traileur. J'ai du mal à tenir mes appuies dans la montée glissante et le simple fait de penser à la descente me fait souffrir des pieds. L'ascension se passe très doucement mais surement. La descente est un calvaire, habituellement glissante, je ne prends parfois même pas le temps de chercher une chemin, je m'assoies et je glisse, j'arrive finalement en bas plus vite que prévu, mes pieds sont toujours au plus mal et il me tarde de rejoindre le ravitaillement du VAUCLIN. Les derniers kilomètres de cette étape me font envisager le pire: j'ai les pieds pourris!!! je souffre horriblement!!!
Je suis accueilli par une tête que je connais: Maryline et bien que cela ne se voit pas, je suis content de la voir car psychologiquement au plus mal. Maryline me confirme rapidement la présente des podologues, cela me remonte le moral, je m'en vais donc prendre une douche: glacée comme la précédente mais je n'ai plus la tête à faire la fine bouche. 



Changement de cuissard, T-shirt, chaussettes et chaussures. Direction le podologue. Celui ci est plus speed que le précédent, il s'amuse à prendre en photo mes pieds en m'avouant que s'il y avait une record de pieds pourris je n'en serai pas loin (bon en fait ce ne sont pas ses termes mais les miens). Il me charcute les pieds, me les strappent et chose qui ne me rassure pas, quand je me relève j'ai toujours aussi mal voire encore plus mal. Je suis inquiet, il me reste un marathon à faire et je marche sur des lames de rasoirs. Et là je repense à la phrase de Julia, je pense à Bruno qui ne va pas abandonner! Rebooster par Maryline, tel un guerrier je repars, mes objectifs de temps ne seront pas atteints mais l'essentiel n'est plus là, il faut que je termine...




Du 91 eme au 100 eme kilomètre:
C'est reparti, seulement 9 kms me séparent du ravito de macabou. Ces 9 kilomètres se passent plutot malgré que je me sois fait un point d'honneur à ne plus mouiller mes pieds, un passage m'y a obligé, mes pieds sont contents...
La montée des éoliennes du VAUCLIN se fait sans encombre malgré la chaleur omniprésente, je suis content d'être habitué à m'entrainer sous cette chaleur!!!
J'arrive au ravitaillement, Maryline n'est pas là, ni Ju, ni Guus mais je pense les retrouver plus tard. L'accueil à ce ravito est tip top, un bénévole me prend en compte tel un client dans un 4 étoiles, j'ai failli lui laisser un pourboire!
Je trouve ce ravitaillement assez jouissif car il est arboré de la pancarte 100 kms, je suis déjà fier d'être ici mais je comprend que la partie n'est pas gagné tant que le dernier mètre n'a pas été franchi.
Je repars et suis content de rejoindre le sable où je pense que mes pieds vont moins souffrir. Surtout que j'ai oublié de préciser que j'ai mis au pied ma vieille paire de cabrakan qui a 3 ans, que j'utilise pour tout sauf pour courir depuis 2 ans et que j'avais pris « au cas où ». Bref me voilà reparti pour rejoindre cap macré.

Du 100 eme au 105 eme kilomètre:
Je connais ce tronçon par coeur et je n'appréhende aucune de ses difficultés sauf que certains passage très caillouteux ont continué d'achever mes pieds.
J'arrive au ravitaillement de cap macré, je tombe de fatigue, je demande au bénévole qui me reçoit s'il y a moyen de dormir et il m'accompagne sur un lit de camp. Il m'offre un bout de terrine de canard sur un toast, coca etc, je crois même qu'un des bénévoles présents m'a proposé du vin que j'ai refusé... Je mets mon téléphone à sonner une heure plus tard mais attaqué par plusieurs moustique, je repars finalement 15 minutes aprés m'être allongé sans avoir trouvé le sommeil. Mais cela m'a fait du bien. Direction cap chevalier...

Du 105 eme au 115 eme kilomètre:
La aussi, je souffre dans les passages rocailleux, seul mes pieds existent, mon corps je ne le sens même plus, ce sont mes pieds qui monopolisent toute mon attention. La nuit tombe, je m'équipe frontale, chasuble et me voilà partie pour une nouvelle nuit. Arrivé à un kilomètre de l'anse michel, je vois deux lumière arrivées vers moi, les anges viennent ils m'emporter, NON! C'est Guus et Ju, je suis trop content de les voir là. Ils sont également contents de me voir vivant! Enfin encore en course! Ils m'accompagnent jusque l'anse michel, où photos et blagues sont de mise! 






Je les retrouve au ravitaillement de cap chevalier.




J'ai la tête qui tourne depuis déjà quelques heures, comme une sensation d'être alcoolisé, cette sensation n'est pas désagréable mais elle va augmenter jusqu'à l'arrivée. Je me ravitaille. Discute un peu puis repars. Ju pense que je vais mettre deux heures pour rejoindre l'anse à prunes, effectivement, il n'y a pas de grosse difficulté si ce n'est ma vitesse de croisière qui se rapproche plus des 4 que des 6 kms/heure et mes pieds qui n'en veulent plus. Non seulement je marche sur des lames de rasoirs mais en plus elles sont posés maintenant sur des charbons ardants...
C'est reparti.

Du 115 eme au 125 eme kilomètre:
Cette portion sera la plus terrible de ces 133 kms.
La longue descente pour rejoindre le pont de la mangrove des anglais est horrible, chaque pas me monte jusqu'au coeur de la douleur mais finalement la tête reprend le dessus, sauf que depuis quelques temps, j'ai l'impression de voir des choses!!! Des vaches! Des objets! Des hommes! Des cuves d'essence! Des lumières qui m'éclairent dans le dos comme si un coureur arrivait... Mais rien de tout cela, en fait je vais avoir des hallucinations et aprés avoir parcouru des tonnes de ligne de forum, d'actualité sur le trail, sur l'ultra, des conseil, etc... Je ne savais pas qu'il pouvait y avoir des hallucinations, je ne le sais que depuis l'arrivée de la course où cela m'a été confirmé par Ju et par internet. Bref je prend peur à me dire que je dois avoir un problème pour m'imaginer des formes, des personnes ou des objets. Je rentre dans la mangrove et voilà que je Zigzague. Pire! Quand je prends le deuxième baton dans la même main que le premier, je tourne du côté où il y a le plus de poids! La fatigue me fait faire n'importe quoi et heureusement, je fais avec en me disant que tout cela doit finalement être normal. La seule vrai gêne et que je dors presque debout dans cette partie qui n'est pas super technique mais qui reste boueuse avec quelque piège. Je parviens à rester dans la trace malgré mes zig et mes zag. La longue plage de TRABAUD est clémente cette année, c'est un billard, dommage que je sois posé sur deux moignons car si j'avais eu des pieds, j'aurai pu courir...
J'arrive à la savane des pétrifications qui est une fois de plus horrible en raison de la présence de cailloux. Je rattrape un coureur qui est rejoint par un membre de l'organisation qui doit le prendre en compte à la sortie de la savane pour le soigner et lui faire tenir les derniers kilomètres, je crois avoir compris qu'il avait un gros soucis au genou droit. Je marche, je marche, je ne m'arrête jamais, je marche, certe doucement, mais je marche encore. Je suis rejoins par Julia, Ju et Guus. Julia est fière de moi et cela fait du bien mais ce n'est pas fini.
J'arrive au ravitaillement de l'anse à prune: LE DERNIER!
La gentille doudou bénévole me paye un café salvateur, j'ai l'impression qu'il me réveille. Je prends le temps de souffler, boire un coup et c'est reparti pour les 8 derniers kilomètres mais j'ai encore le doute de ne pas finir, tellement les pieds me font mal. Le reste va plutot bien mais je me dis que si la tête dit stoppe, c'est fini, alors ON LACHE RIEN! ON REPART!

Du 125 eme au 133 eme kilomètre:

Je repars péniblement, j'avance de moins en moins vite lorsque je suis accosté par un commerçant local qui a des envies de causer avec moi alors que je n'ai qu'une envie: me renfermer sur moi même et en finir. Par politesse je rends des réponses aux questions qu'ils me posent, heureusement il bifurque vers la route tandis que je continue à marcher sur la plage. Voyant que je n'avance plus et que le calvaire va durer longtemps à ce rythme là je décide de relâcher mes pieds qui sont crispés depuis des heures et des heures. La douleur est deux fois plus violente mais cette « décrispation » m'autorise à dérouler le pied, donc à marcher plus vite et j'envisage même de courir en descente. Je me dis qu'il y a une heure à tenir comme cela, alors tu serres les dents et tu tiens comme cela; j'arrive à retrouver une marche tonique mais au prix d'une abominable douleur plantaire. Je marche de plus en plus vite sur l'anse moustique, j'accèlére dans le chemin en monté qui mène à l'anse caritan. Là je double trois concurrents dont deux attendent le troisième. Je continue mon effort, je me sens euphorique. Dans la montée de l'hotel caritan je me revois accélérer. Je cours dans les descentes et je pousse fort dans les montées. Je marche très vite dans le village, je monte la montée du cimetière puis je déroule une foulée pépère jusqu'à la ligne d'arrivée où m'attend Julia pour passer la ligne « tant attendue! Tant espérée! ». C'est fini, je suis finisher d'un ultra trail. J'ai un sentiment de bien être finalement et contrairement au défi bleu où j'ai toujours dit à l'arrivée que j'arrêtais de faire cela, là j'ai immédiatement pensé que si je n'avais pas eu les pieds qui m'abandonnent, j'aurai pu envisager un temps correct.
Je retire une chose et une seule que l'on peut lire parfois dans des CR ou revues: les seules limites que l'on se fixe sont celles de l'esprit!!
Je veux dire par là que l'on peut demander énormément de chose à son corps, je me revois passer des montées à l'entrainement en me disant qu'avec des bornes en plus je n'y arriverai jamais et finalement cela passe comme une lettre à la poste!
Je finis par une douche et par un tour chez le podologue qui a eu le courage de me soigner à deux heures du matin avec un certain manque de sommeil pour lui aussi...
J'ai oublié de parler de mon genou douloureux à l'entrainement, je n'ai pas eu une seule douleur le concernant pendant la course. Depuis la douleur est légèrement revenue???
En conclusion à ce Cr; je me voudrai rassurant en disant que finir ce genre d'épreuve n'a rien de surhumain, au contraire avec un peu d'organisation et d'entrainement: c'est tout à fait accessible.

DERNIERE PARTIE DE LA VIDEO:




REMERCIEMENTS



Je remercie Maryline qui bien que présente pour son chéri Bruno, m'a été d'un grand réconfort. Je remercie Ju et Guus pour leur enthousiasme. Je remercie mon épouse et mes deux filles pour avoir supporté le volume d'entrainement nécessaire pour se présenter sur ce genre d'épreuve. Je remercie également le club manikou et ses bénévoles. J'en profite pour féliciter Bruno.F pour sa transmartinique, Ju.T pour son défi bleu, William.J pour son trail des caps. Enfin petite dédicace à Guus: c'est pour la prochaine, TCHIMBE RAID ou DIAGONALE DES FOUS GROOOOOOS!!!!

POINTS POSITIFS
  • Sur un plan matériel: sac oxsitis V2 d'une grande efficacité, pas un échauffement malgré la chaleur et la longueur de l'épreuve. Bâtons léki alu tip-top pour leur légèreté et rigidité.
  • Sur le plan de l'organisation: aucune remarque défavorable, organisation très professionnelle, bénévoles particulièrement attentionnés, ravitos parfaitement achalandés, équipe médicale disponible et sympathique

POINTS NEGATIFS
  • Sur un plan matériel: j'ai parfaitement préparé mes pieds à ce genre d'épreuve en les massant avec du NOK tous les soirs 15 jours avant l'épreuve. Mes chaussures SPEEDCROSS 3 et XT WINGS testées et validés à l'entrainement ne m'ont jamais causé d'ampoules même après 25 kilomètres les pieds trempent. Je pense que je n'ai pas pris suffisamment en compte le phénomène de gonflement des pieds qui a surement entrainé ce problème. Prochain ultra je prendrai un chaussant plus large tel que Mizuno.
  • Gestion du sommeil: je n'envisageai pas de passer une deuxième nuit dans la course, bien mal m'en a pris, le manque de sommeil a été très dur à assumer même si pour le coup cela s'est bien passé.




ET APRES
J'ai eu des coups de fatigue régulier au cours des journées de la semaine suivant la course puis plus rien. Les pieds sont redevenus presque normaux après une semaine de soins (désinfectant et à l'air libre le plus souvent possible). J'ai repris l'entrainement onze jours après la course avec un 8 kilomètres: jambes en coton au départ puis de mieux en mieux en chauffant. J'aurai pu reprendre avant mais les pieds m'en empêchaient.

Fred, team life experience

2 commentaires:

  1. Une trés belle découverte au hasard des recherches sur le net. Des comptes rendus de courses passionnants, un style trés vivant qui nous fait voyager avec vous...merci

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  2. Toutes mes félicitations pour cette course courageuse.
    J'envisage de participer à la Trans 2013. Vos conseils seront les bienvenus. Je bosse a Intersport Robert.

    David

    david.bessieres972@yahoo.fr

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